Treks et rencontres avec la communauté Shan à Hsipaw

Comme vous le savez, on préfère les petites villes rurales authentiques aux grandes villes désordonnées et bruyantes. Après notre passage éclair à Mandalay, nous avons donc repris la route des champs et des rizières pour nous rendre à Hsipaw. Il nous aura fallut 6h30 de bus pour grimper la montagne. Comme pour le trajet Hpa An - Mandalay, on est tombé sur un bus très confortable... mais toujours aussi froid ! Et sur la télévision du bus, des films et des karaokés se sont enchaînés pendant tout le trajet pour le grand plaisir des Birmans (moins pour nos oreilles !).

Nouvelle ville, nouvelle atmosphère. On est arrivé vers 21h00 par un petit 10°C. Autant dire qu’avec nos pantalons thaïlandais très légers, on avait l’impression d’être à poil ! Coup de chance, le bus nous a déposé à deux rues de notre hôtel. Le Lily Home est un hôtel très moderne et très agréable. Lily, la patronne, accueille chaleureusement chaque visiteur, donne de précieux conseils sur les choses à faire et à voir à Hsipaw et comme tous les Birmans, son grand sourire ne la quitte jamais. Le petit-déjeuner est très copieux et varié. Les chambres sont confortables et propres mais terriblement froides. Et oui, le chauffage, ils ne connaissent pas ici. Heureusement, ils fournissent des couvertures supplémentaires sur demande. 🙂

On vient à Hsipaw pour faire des treks de plusieurs jours dans la montagne et pour découvrir les petits villages de la communauté Shan. Nous avons opté pour un trek de deux jours et une nuit. Le temps d’organiser l’excursion, nous sommes restés 3 jours et demi à Hsipaw.

1er jour : le palais Shan et le grand marché de Hsipaw

A notre réveil, un brouillard épais recouvre la ville et le mercure est encore bien trop bas dans le thermomètre pour nous faire sortir du lit. On se recouche donc jusqu’à midi pour laisser le temps au soleil de se lever et de réchauffer le coin. Les deux prochains jours étant réservés au trek et s'annonçant plutôt fatiguant, nous décidons de ne pas trop forcer aujourd’hui. Nous commençons par déjeuner dans un petit restaurant situé au bord de la rivière. Il servent des soupes de noodles vraiment délicieuses accompagnées d’une salades de crudités au vinaigre. Un petit régal pour trois fois rien. Nous nous dirigons ensuite vers le palais Shan, au nord de la ville en passant par le grand marché de Hsipaw. Souvenirs, fruits, légumes, artisanat... il y a un peu de tout et à tous les prix.

Le palais Shan ouvre de 09h00 à 12h00 et de 15h00 à 17h00. En attendant que les grilles ouvrent, j’aide (Romain) une femme à cueillir du tamarin à l’aide d’une lame fixée au bout d’un long manche. Elle est heureuse de récolter des fruits qui lui était auparavant inaccessibles. Concernant le palais Shan, on s’attendait à visiter un majestueux palais oriental ressemblant à une pagode. On découvre finalement une grande maison à l’architecture anglaise, perdue dans un jardin à l’abandon. La vieille dame qui nous a ouvert la grille  et qui vit ici nous fait entrer dans le salon et nous raconte l’histoire du palais et de sa famille. On y apprend que la maison a été construite au début du XXème siècle par le « roi céleste » qui gouvernait Hsipaw (l’état shan était gouverné autrefois par 32 rois célestes) et qui avait fait ses études en Angleterre. En 1962, le prince a été emprisonné et la famille royale du partir en exil suite au coup d’état militaire. Depuis 2011, la famille est de retour et raconte son histoire aux visiteurs.

On termine la journée par un délicieux shake chez Mr. Shake qu’on boit sur le rooftop de notre hôtel pour admirer le coucher du soleil.

2ème jour : des villages Shan, des portraits d’enfants et une longue ascension

Deuxième matin, même brouillard, même température. Mais là, on n’a pas le choix. Le trek nous attend ! Après un solide petit-déjeuner, on rencontre notre guide, Kham Lu, dans le hall de l’hôtel. Comme la plupart des gens ici, Kham Lu est issu du peuple Shan. Il a 20 ans, parle plusieurs langues et a plein de blagues à raconter.

Plusieurs circuit étaient possibles. On a choisi un trek de deux jours avec une nuit dans une famille Shan dans un village tout en haut de la montagne. En passant par l’hôtel, on a payé 30 000 kyats par personnes pour les deux jours. Ce prix comprend le tuk-tuk qui nous emmène au pied de la montagne, tous les repas et la nuit dans le village. Seule l’eau reste à notre charge.

Une fois les présentations et le briefing des deux jours faits, nous voila parti à travers champs pour notre randonnée tant attendue. Nous sommes un groupe de 7, un couple de français (Mathieu et Nathalie) rencontré à Hpa An et 3 Italiennes qui devaient faire uniquement la journée mais qui sont finalement restées les 2 jours...

Le premier jour a été plutôt sportif avec 8 heures de marche pour 20km parcourus et avec un grand nombre de montées. Mais les paysages et les rencontres en valent la peine. Malgré le froid matinal, on s’est très vite réchauffé et le brouillard s’est dissipé pour laisser place à un paysage montagnard magnifique. Entre deux grands sentiers, notre guide nous a fait couper à travers champs aux milieux des plantations de thé et des rizières. Nous avons également traversé 5 villages Shan. Et dans chaque village, le même accueil chaleureux des enfants qui viennent nous dire bonjour dans leur dialecte et nous adressent leurs plus beaux sourires.

Kham Lu, notre guide est lui même Shan. A son contact on a appris énormément sur ce peuple et sa région. On a découvert entre autre que :

• les Shans se marient vers 18 ans et le mari doit offrir 100kg de cochon à la famille de sa future femme au moment de faire sa demande.
• les Shans font des enfants surtout pour les aider dans leurs tâches quotidiennes. Les enfants arrêtent l’école le pus souvent après le primaire. C’est pour cela qu’on voit beaucoup d'adolescents effectuer des travaux pénibles (charpentiers, fermiers, ouvriers...).
• on retrouve des communautés Shans en Chine, au nord de la Thaïlande, du Laos et du Viet-Nam. Cette ethnie, autrefois indépendante de la Chine, a explosé après avoir été vaincue par l’armée chinoise il y a plusieurs centaines d’années.
• il existe encore une centaine d’armées différentes en Birmanie. Environ 80 luttent toujours contre le gouvernement... et elles se battent même entre elles ! Notre guide a du annuler un trek de trois jours il y a quelques semaines car des échanges de tirs ont eu lieu sur l’itinéraire prévu. C’est rassurant !
• Chaque birman doit être au moins une fois moine dans sa vie. Kham Lu nous a expliqué qu'il l'avait était 1 semaine mais qu'il n'avait pas du tout aimé car il faut se lever très tôt et manger que 2 repas par jour !

Nous terminons cette première journée de marche épuisés et avec des courbatures partout mais heureux d’avoir atteint le petit village en haut de la montagne. On assiste au coucher du soleil sur les sommets alentours avant de partager un bon dîner (encore du riz avec des légumes). C’était l’un de nos meilleurs repas birman ! La salle principale de la maison est assez grande mais pas du tout chauffée. Le feu qui crépite dans la cuisine réchauffe à peine cette pièce mais enfume tout le reste de la maison. Nous avons passé un bon moment tous ensemble à discuter, on en a même profité pour faire un petit jeu en leur apprenant Halli Galli.

Puis le moment de se coucher est arrivé très tôt (environ 21h30), Chloé a très bien dormi sous les couettes énormes que nous a prêté la famille. De mon coté, j’ai connu des nuits meilleures et plus chaudes !

3ème jour : la descente douloureuse jusqu’à Hsipaw

Même si c’est local, manger du riz au petit-déjeuner, c’est assez spécial ! Et pour l’agrémenter : des pois chiche, du potiron et des légumes verts type épinard ! Heureusement, j’ai quelques gâteaux sur moi ! 🙂

Après avoir chaleureusement remercié nos hôtes, nous prenons le chemin du retour. Au bout de quelques mètres, les courbatures de la veille commencent à se faire sentir. Heureusement, les paysages sont toujours aussi beaux et l’air frais en ce début de journée est super vivifiant. On se sent plutôt bien. La descente prend 5 heures. On marche pendant 16km. Avant d’arriver, on s’arrête dans un dernier village pour déjeuner. C’es l’occasion de flâner au soleil et de délasser nos pieds gonflés en les plongeant dans la rivière froide qui coule dans le village. Nous arrivons à Hsipaw vers 16h00. Inutile de préciser qu’on n’a rien fait du reste de la journée. Une bonne douche, un bon dîner et surtout une bonne nuit de sommeil. 🙂

4ème jour : une demie-journée avec les enfants du village

Lors du trek, nous avons parlé à notre guide de notre tour du monde ainsi que de notre projet de jouer avec des enfants. Il nous a tout de suite proposé de venir dans l’école de son village. Nous y sommes donc allé le dernier jour. Là encore, nous avons passé un moment exceptionnel au contact des petits Birmans. On vous raconte tout ça dans cet article.

Au final, on garde un excellent souvenir de Hsipaw. Cette petite ville vaut vraiment le détour. Les Shan sont un peuple très accueillant et très souriant. On s’est vraiment senti super bien pendant ces 4 jours. Et on est super fiers d’avoir fait notre premier vrai trek dans un endroit si magnifique. Mais nous devons maintenant reprendre la route. Direction : le lac Inle.

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